Le son à l'envers⚓
Cette opération, retourner une bande et la lire de la fin au début, est une des plus anciennes (±1951, avec les lecteurs-enregistreurs sur bandes magnétiques dans les studios de radio et de recherche), et sans doute celle qui est l'image de marque même de la composition grâce au support. Parce qu'il est « contre nature », ce son engendre une langue inconnue et reconnaissable, comme ces mots qui, lus à l'envers, deviennent une langue étrange. Il a été depuis lors repris par l'écriture instrumentale contemporaine.
L'opération « son à l'envers » est disproportionnée, elle écrase les événements de la séquence. Toute action d'inverser est si forte qu'elle paraît la plus arbitraire.
Exemple : Quelques exemples de morphologie delta : asymétrique, inversé, symétrique.
L'attaque est justifiée par ce qui la précède⚓
Depuis Pierre Schaeffer, on connaît l'importance de la forme de l'attaque et de sa masse sur la perception de la durée et de la matière de la résonance (l'effet de rémanence perceptive de l'attaque sur la résonance). Le delta, morphologie typique de l'écriture sur support (grâce au « son à l'envers »), permet d'en jouer toutes les variations et d'en expérimenter les richesses perceptives et surprenantes.
Reconstruire un phrasé mot à mot en utilisant la notion d'attaque-résonance. Créer un objet composite en deux parties en créant une morphologie par montage.
Jouer sur les morphologies, sur les matières, sur les masses (poids), profils de masse : surprises, contrastes, symétries
•différences de temporalité : lente approche et chute rapide par exemple
•endroit, envers
•parfois laisser les attaques
•parfois les retirer (sons à l'envers)
•parfois enlever une partie au milieu de la résonance et retourner le son (son à l'envers)
•peuvent être faits avec des matériaux différents
L'exercice consiste en quelques exemples de deltas à réaliser et à introduire dans une séquence-jeu de percussion-résonance.
L'objectif final est la réalisation d'une séquence musicale et non une recherche de musée, une énumération.
Pour conserver une certaine unité, éviter le « bazar » sonore, nous conseillons de se servir des matériaux de la séquence d'origine.
Conseil : Commentaires
Inversion attaque-résonance : attaque=endroit, résonance=envers
Écriture de rapport de masse, éviter les stéréotypes
La séquence d'origine doit être musicale car sinon, entre les interventions de montage, il n'y a qu'un niveau zéro ou, autre système, la séquence peut être entièrement pensée, montée, par exemple par codage sur ordinateur en temps différé : SuperCollider, C++, Cecilia etc.
Il faut créer une rencontre heureuse entre des sons vivants, ce que les sons veulent et ce que nous décidons. L'arbitraire absolu est impensable surtout dans de courtes séquences.
On n'écoute, on ne sent que ce que l'on vit avec le corps : retour à un certain primitivisme universel.
Exemple : Exemples sonores
C'est là la première utilisation de la bande lue dans le sens inverse (à l'envers donc), pour illustrer le langage mystérieux des dieux (Zeus) et pythies de la Grèce antique : texte en grec ancien lu par une voix féminine.
Hypothèse : Fonctions musicales
1. Le delta sert souvent de déclenchement d'événement, de phrase ou de séquence
2. Le son à l'envers, par sa progression en crescendo crée un climat dramatique : « quelque chose va arriver »
3. Le delta peut faire l'objet d'une écriture soliste, abstraite par un jeu morphologique avec une même matière, ou une autre.
4. Le delta est tellement remarquable qu'il peut, par sa seule présence, relancer l'écoute et l'intérêt de l'auditeur.
5. Une phrase peut elle-même être construite en forme de delta dans sa totalité.