Ce traité des techniques d'écriture sur support est le résultat tangible de plus de 25 ans d'enseignement de cette matière dont j'eus la charge aux conservatoires royaux belges de Liège (1986), Bruxelles (1987-93) et Mons (1993-2011) où il est toujours transmis aux étudiants de la section électroacoustique par Daniel Perez Hajdu qui m'y a succédé.
Tout comme une formation aux écritures classiques (harmonie, contrepoint, fugue) précède dans les conservatoires européens, la formation à la composition classique pour orchestre et voix, ces écritures sur support offrent au compositeur qui s'engage dans une voie plus expérimentale, celle des instruments technologiques, la palette des écritures musicales que son répertoire lui associe.
C'est un répertoire né de l'enregistrement sonore sur support (disque, bande magnétique, mémoire informatique) dont Pierre Schaeffer en a remarquablement tiré toutes les conséquences.
Là se trouve, à mes yeux, la véritable révolution musicale du XXe siècle[*] . François Bayle en proposera ensuite une autre conséquence sous le vocable de musique acousmatique[*] qui porte toute son attention sur l'écoute aveugle, dé-corrélée des sources sonores grâce au haut-parleur, En découlent alors d'autres comportements liés à la composition sur support : non plus la production d'évènements objectivement organisés et formalisés selon leurs interactions, mais des solutions de conduite de l'écoute et de communication avec l'imaginaire, avec les capacités de représentation mentale et mémorielles de l'écoutant[*] .
Cette première formation aux écritures, avant la composition elle-même, demande à l'étudiant, durant deux ans et demi, un effort d'inventivité permanent, à raison d'un exercice hebdomadaire.
Mais rendons à César ce qui lui appartient : Le GRM a créé, en 1968, une classe expérimentale de composition électroacoustique[*] au sein du CNSMD[*] de Paris. Pierre Schaeffer, assisté plus tard de Guy Reibel, en avait la charge.
Les notes de cours prises lors de ma présence dans cette classe (1977-80) sont à l'origine de ce texte, qui en étend le champ d'exploration, mais en respecte toujours l'esprit.
Ces écritures sont la marque stylistique de l'école française de la musique électroacoustique, puisqu' elles sont tirées de l'expérience et du répertoire des compositeurs pionniers du GRMC[*] puis du GRM.
Comme il s'agit ici d'un texte à orientation pratique et pédagogique, il utilise un style direct, concis et peu « littéraire », sans pour autant répondre aux standards habituels des publications scientifiques.
Annette Vande Gorne
Ohain, octobre 2017
Afin d'en avoir une vision d'ensemble, voici un tableau qui évoque les différentes étapes de travail en studio, c'est un travail lent et précis qui permet de remettre vingt fois sur le métier son ouvrage. Evidemment, ce tableau est indicatif, chaque compositeur se forge sa propre méthode.