Parce qu'il est enregistré sur un support matériel (disque, film optique ou bande magnétique), l'enregistrement sonore des années 50 est tributaire des conditions mécaniques de lecture. En effet, il est aisé d'en altérer les modalités de fonctionnement, et cela se produit d'ailleurs parfois intempestivement. Le son est alors transposé, et sa durée est écourtée ou allongée selon le sens de transposition pratiqué. C'est la transposition ou variation de vitesse.
Pierre Schaeffer fit d'ailleurs réaliser et breveter dès les années 50 des appareils spécifiques à bande magnétique permettant de réaliser l'opération dans des conditions adaptées à la problématique musicale :
Les phonogènes
le premier est le phonogène chromatique, commandé par un clavier de touches contrôlant une transposition par intervalles de demi-tons sur une à deux octaves. C'est un instrument à bande magnétique et à plusieurs têtes de lecture. Une bande en boucle est déroulée par 12 poulies de vitesse variable pilotées par un petit clavier.
le second est le phonogène à coulisse, permettant le glissando par contrôle continu de la variation de vitesse.
Une troisième version du phonogène, le phonogène universel (1963) permit de modifier la durée sans transposer la hauteur. L'ancêtre du Time Streching dans le domaine numérique...
Le morphophone
Par ailleurs, le morphophone, un autre prototype réalisé dans les années 60, explorait la répétition, l'accumulation, l'écho, la réverbération, la réinjection, etc. Le signal était enregistré sur une boucle de bande posée sur un tambour, puis lu successivement par douze têtes de lecture. Chacune de ses têtes magnétiques mobiles comprenait un circuit de filtrage et de réinjection et pouvait lire avec différents retards la boucle placée sur le cylindre rotatif. L'ancêtre du délai numérique moderne !
En conclusion, dès le début de la musique concrète s'imposent des opérations de manipulations des conditions de lecture du support qui vont devenir les opérations de base de l'écriture du son et qui seront conservées beaucoup plus tard dans le domaine numérique.