La boucle, révélateur sonore
C'est la mise en boucle d'un son qui va donner naissance à la musique concrète en 1948.
Pierre Schaeffer s'intéresse à des disques dont le sillon est refermé sur lui‑même et non gravé en spirale :
Fondamental :
La fixation d'un son sur support bouleverse l'écoute d'un son.
En ne percevant plus son origine, ce procédé technique laisse entendre le son tel qu'il est.
On remarque des aspects du son que l'on n'écoutait pas jusqu'alors.
La trace sonore développe un imaginaire, une écoute différente : l'écoute réduite[1]. C'est dans ce rapport d'écoute que l'on manipule le son fixé.
En s'appuyant sur l'enregistrement et le processus de répétition, Pierre Schaeffer compose ses premières Études de bruits dont l'Étude aux chemins de fer (1948).
Ecoutez notamment dans l'extrait de 24 secondes à 44 secondes, le passage dont parle Pierre Schaeffer ci-dessous :
Exemple :
J'ai réussi à isoler un rythme, et à l'opposer à lui-même dans une couleur sonore différente. Sombre, clair, sombre, clair. (...) Il se créé ainsi une sorte d'identité et sa répétition fait oublier qu'il s'agit d'un train. Deux démarches sont préalables :
Distinguer un élément (l'entendre en soi, pour sa texture, sa matière, sa couleur)
Le répéter. Répéter deux fois le même fragment sonore : il n'y a plus événement, il y a musique.
Extrait de Pierre Schaeffer, A la recherche d'une musique concrète, premier journal (chapitre 2, pp.20-21)