Pratiques et transmission
In Materia
In Materia est une création du collectif Le MaTriCe... créée lors d'une résidence à l'école maternelle Audrey Hepburn (9ème arrondissement de Lyon), dans le cadre du dispositif Enfance Art et Langage proposé par la ville de Lyon en 2012.
L'utilisation de capteurs sensitifs, physiques, permet à la chanteuse de moduler des paramètres sonores émis en direct. Grâce aux processus numériques en jeu pour cette création, les sons interagissent également directement avec la vidéo. L'image est ainsi générée en direct, en fonction de certains paramètres sonores et/ou physique. Par exemple, des particules s'agitent en fonction de la densité du son, des ronds grossissent en fonction du volume, des effets de zoom et de volume sonore évoluent en fonction de la distance entre le corps et des capteurs de distance.
Les élèves de maternelle ont pu s'essayer à jouer avec ces dispositifs numériques qui leur ont permis de percevoir très rapidement le lien entre l'engagement du corps et la production, le résultat sonore, aidé par l'image qui rend le son et ses paramètres visibles.
C'est alors non seulement par l'oreille, mais aussi par les yeux, et le corps tout entier que l'apprentissage passe. L'enfant comprend plus rapidement que son geste induit le son lorsque le son est « visible ». Ce dispositif numérique spécifique permet l'apprentissage de codes de musique basiques (volume, intensité, vitesse...) conscientisés quasi instantanément par l'enfant qui l'aura éprouvé de façon ludique.
Hombre !
Les arts numériques favorisent également la transversalité des arts et des publics à l'exemple du projet de création collective à Corcelles entre l'ESAT La Freta (Établissement et Service d'Aide par le Travail) et l'école municipale.
Hombre ! est une création portée par l'Ensemble Orchestral de l'ESAT La Freta. Elle intègre des outils numériques. Ces derniers permettent le jeu, l'improvisation, la performance in situ, autant avec des médias sonores que visuels, et qui plus est la mise en jeu et en espace du corps. La caméra, l'ombre chinoise, des tables lumineuses, la Kinect sont alors utilisées pour générer et créer en direct les images du spectacle. Il en va de même pour le son, produit et transformé en direct, autant par des instruments dits traditionnels que par des instruments issus des nouvelles lutheries.
Ces dispositifs, au service d'un propos poétique, auront permis la rencontre d'adultes en situation de handicap mental avec les élèves d'une classe unique (allant de la petite section de maternelle au CM2). Ce travail singulier, expérience du sensible, collaboratif et participatif aura mis en avant les possibles d'une intelligence collective, partagée durant plusieurs mois dans le seul souci de créer ensemble.
Le spectacle a été présenté en septembre 2016 dans l'ESAT La Freta, aux autres résidents accompagnés de leur famille (ce qui sous-entend la venue des enfants dans un établissement médico-social), mais également aux parents des enfants, dans leur école, soit une sortie du cadre médico-social pour les membre de l'Ensemble Orchestral de la Freta, habituellement résidents et travailleurs à l'ESAT. Cette rencontre artistique aura permis à chacun de décaler ses représentations et ses a priori. L'outil numérique est alors juste un "faciliteur" qui permet, comme souvent dans une création collective, de placer tous les participants au même niveau.