Le corps retrouvé
Dans les années 60, les compositeurs cherchent à retrouver la dimension corporelle du son. Voici trois exemples.
Luciano Berio
Luciano Berio va essayer de ré-ancrer la voix de manière globale dans son corps par tout un travail sur les propriétés phoniques, les sonorités de la langue, son caractère bruité (avec les consonnes) qui avaient déjà été explorés par les futuristes et le mouvement Dada. Luciano Berio va ré-ancrer la voix dans le corps comme par exemple dans la Sequenza 3 qui délaisse alors le sens du texte.
« Comme on l'a déjà souvent remarqué, la voix d'un grand chanteur « classique » est un peu comme un instrument signé que l'on range, après en avoir joué, dans son étui, une voix qui n'a donc rien en commun avec celle dont le même chanteur se sert pour communiquer dans la vie courante. »
Luciano Berio et Rossana Dalmonte, Entretiens avec Rossana Dalmonte (Genève, Suisse: Contrechamps, 2010, p. 73).
Georges Aperghis
Georges Aperghis, adopte dans 14 Jactations une narration qui ne passe pas par un langage verbal mais par un langage corporel, un proto-langage en lien avec la priméité humaine. Il serait intéressant de se demander de quelle manière ce proto-langage inventé par Georges Aperghis suit certaines intonations du langage verbal sans en suivre la partie sémantique.
Par cet exemple, est-ce qu'on ne rejoint pas également ce que Roland Barthes appelait le grain de la voix ? Pour lui, le grain de la voix serait « la matérialité du corps, parlant sa langue maternelle » [...] « Le grain c'est le corps dans la voix qui chante, dans la main qui écrit, dans le membre qui exécute ».
Maurico Kagel
Autre exemple dans le domaine instrumental avec Mauricio Kagel, spécialiste du théâtre instrumental, qui veut clairement montrer le corps qui exécute le son en passant par le geste. Dans Tactil en demandant aux instrumentistes d'être torse nu, il veut montrer le muscle qui agit.